De Maya Beauvallet, 2009.
Sous-titré « Comment faire pire en croyant faire mieux »
N’étant pas un grand amateur de « littérature » managériale (un SAS est en général plus surprenant et un Marc Levy mieux écrit), j’eus la faiblesse de me pencher sur ce prêt d’un collègue qui me prétendait y avoir vu la lumière. Une publication au Seuil étant un meilleur gage de qualité qu’une publication aux Éditions d’Organisation (au moins quant à la respectabilité du chercheur assumant la paternité de l’œuvre), je m’y plongeais donc mi sceptique, mi curieux.
Grand mal m’en a pris. Si quelques exemples font sourire, les efforts pour démontrer l’inanité des « objectifs » et des « indicateurs » semblent souvent poussif, voire inusité. Car établir un constat dans le style « tout ceci ne sert à rien » ou « on ne mesure pas ce qui est réellement important » est très sympathique mais un peu éculé. Surtout si rien n’est proposé pour résoudre la difficulté. Je suis très loin d’être un partisan du management par cockpit, mais ne proposer aucun cadre n’a pas non plus de sens. L’imprévisibilité, chez la majorité de nos charmants collègues, est un facteur anxiogène de première importance. Leur faire confiance pour qu’ils fixent le cadre eux-mêmes marche peut-être dans une toute petite start-up où l’ « ingénieur » (dans le sens Mintzberg-ien du terme) prévaut, mais est totalement dysfonctionnel dans une moyenne entreprise, sans parler des grandes.
Je serai donc bien incapable d’expliquer ce qu’il faut retenir de ce livre-t (150 pages, écrites en grands caractères), qui ressemble plus à un brouillon de chapitre de thèse qu’à un véritable livre de gestion. Ne vous laissé pas abuser par l’étiquette du Seuil ; madame Beauvallet a beau être maître de conférences à TELECOM Paris Tech, son salmigondis de fausses bonnes idées et d’exemples téléphonés (le jeu de mot est un peu facile, je l’admets volontiers) ne vaut pas tripette.
Quitte à vous plonger dans la sociologie des organisations et dans le mécanisme de la prise de décision, penchez-vous plutôt sur le proche parent, au moins quant au titre, de cet essai mou du genou : Les décisions absurdes, de Christian Morel, chez Folio. Moins cher, plus amusant et plus instructif.