De Leandro Ávalos Blacha, 2007
Aouch ! La SF argentine, ça fait mal par où ça passe. Bienvenue dans le délire total issu de l’esprit de Leandro Ávalos Blacha, dont il s’agit ici du premier roman. Comment le résumer en lui faisant honneur ? Il s’agit, en somme, de l’histoire d’une zombie punk, obèse, nommée Trash. Chanteuse d’un groupe punk, donc, elle décide de se barrer de son coin car elle en a marre de ses potes. Et elle est recueillie à moitié à poil à l’orée des banlieues populaires de Berrazachussetts, le quartier fictif d’un Buenos Aires imaginaire, par quatre vieilles veuves qui vivent ensemble depuis de nombreuses années, menée par l’inénarrable Dora.
Humour gore, nonsense et autres délires de torture s’enchaîneront inéluctablement vers une fin (faim?) forcément apocalyptique. Difficile d’en dire plus sans dévoiler l’intrigue. Sachez simplement que, finalement, ce sont plutôt les quatre comparses qui deviennent rapidement les personnages principaux, Trash traversant le récit de manière rectiligne, comme pourrait le faire un zombie qui se fout un peu des convenances.
Critique sociale, caricature des défauts et perversités de la société argentine moderne, le lecteur peu familier avec l’Amérique Latine en général et Buenos Aires en particulier (comme moi) ratera certainement nombre de références. La traductrice essaie bien d’expliquer certaines références en notes en bas de page, et la postface aide également, mais cela reste trop loin de mes références quotidiennes pour que je m’exprime sur la pertinence de ces caricatures grinçantes.
Indépendamment de ces références locales, on lit à travers ces pages une critique cinglante de la structure sociale, très marquée, de la médiocrité des élites dirigeantes et des espoirs ridicules d’une middle-class qui espère toujours monter quelques échelons de revenu. Et on y voit aussi le fantasme d’une nouvelle vie pour des femmes d’une soixantaine d’années qui ont encore plein de rêves, pour aussi foireux qu’ils soient.
Roman coup de poing, rapidement lu, Berazachussetts regorge de personnages bigger than life. Du vieux maire pervers à l’handicapée manipulatrice, Blacha s’assied sur les convenances et nous envoie son pétard de salle gamin en pleine tronche. Et c’est drôle. Désopilant, mais drôle. Je cherchais quelque chose de similaire à Berazachussetts pour faire un parallèle qui pourrait éclairer le lecteur perdu en ces lieux. Mais j’avoue que je ne suis tombé que sur Tamala 2010. Mais bon, ça va pas dire grand chose à grand monde, comme référence ! 🙂 Si vous voulez tester quelque chose d’inhabituel, n’hésitez pas !