De Christian Volckman, 2006.
Four cinématographique de 2006, film français d’animation totalement oublié, Renaissance est un formidable échec. Volckman, connu jusque-là pour un court métrage d’animation, a totalement disparu des radars après l’échec commercial de Renaissance jusqu’à 2019, où il signe son premier long métrage live, The Room, passé lui-aussi totalement inaperçu (comme quoi, on a la baraka ou pas). Pourtant, il mérite au moins qu’on lui tire notre chapeau : il fallait avoir un certain courage pour se lancer dans un film d’animation en mocap en 2000 en France (le film a mis six ans à se faire), en noir et blanc (sans nuance de gris), dans une 3D aplatie en 2D. Le concept est pas mal, quand même.
Et quoi de mieux qu’une histoire de SF pour porter le projet ? Le film, dont le nom complet est Paris 2054 – Renaissance se passe donc à Paris… en 2054. On y suit le capitaine Karas, chargé de retrouver la jeune chercheuse Ilona Tasuiev. Celle-ci est le poulain de la puissante société Avalon, dont le core-business est de rajeunir et de prolonger la vie des riches français des années 2050. Karas naviguera dans le Paris interlope du futur, notamment en retrouvant la jolie grande sœur de Ilona qui le mènera petit à petit sur la piste d’un mystère plus épais qu’un simple kidnapping.
Que dire de plus sur l’histoire ? Pas grand-chose, malheureusement. Car si le film est un réussite formelle certaine (bon, le rendu graphique a un peu vieilli, mais le choix du noir et blanc très artistique sauve l’affaire), le fond est franchement léger. Les personnages sont quand même bien archétypaux, le scénario est assez mécanique dans ses développements et les dialogues manquent parfois cruellement d’imagination. Du coup, même si c’est très joli, ça sonne tellement classique et convenu que c’est un poil emmerdant. Après, c’est une enquête policière façon film noir des années 50 projeté dans un Paris futuristes avec quelques belles scènes d’action. Et comme dans tous les films noirs de l’époque, les hommes sont solitaires, durs, et musclés et les femmes sont forcément fatales quand elles n’ont pas besoin d’être sauvées par le héros du jour.
Et c’est vraiment dommage d’avoir mis tellement de temps sur la technique, d’avoir développé une technique presque artisanale pour arriver à un résultat plus que correct sans s’être davantage pencher sur le scénar. Certains critiques de l’époque rapprochaient Renaissance de Matrix ou de Blade Runner, mais… non. Vraiment pas. Ce n’est pas du tout de la SF à portée philosophique. C’est un whodunit qui se passe dans le futur, tout au plus. Et un whodunit sans énormément de surprise quand on a déjà lu quelques bouquins de SF (comme moi ! ;-). Le choix visuel d’un noir et blanc sans nuance de gris donne un côté expressionniste inédit (bien qu’en film live, le très inégale Eden Log allait dans le même sens), mais cela reste un gimmick de réalisation s’il n’est pas suivi par un fond intéressant.
Reste de très belles images et une belle imagination quand on voit par exemple le soin apporté à rendre le Paris Haussmannien futuriste. Cet effort sur les décors (les quais de la Seine étant surplombé par des passerelles piétonnière en verre transparent) donne des images qui s’ancrent dans la rétine du spectateur. Mais c’est pour mieux les faire suivre par des scènes de ruelles sombres sous un crachin soutenu (=cliché) ou encore sur une vue panoramique sur le bureau du méchant patron de la société pharmaceutique, une pièce tout en verre au sommet d’une arche de la Défense améliorée (=cliché encore et toujours). Pourtant, Volckman avait réussi à attirer pas moins que Daniel Craig, Ian Holm et Jonathan Pryce pour le doublage international. Beau casting, mais pour un film oubliable. Joli, mais oubliable. Espérons que Volckman trouve d’autres scénaristes pour ses prochains projets couillus.